Chronique4Impact

Les défis liés à la décarbonation du scope 3 dans l’industrie

Par pierre gliganic, le

Décarboner son scope 3, c’est avant tout apprendre à se passer des énergies fossiles sur l’intégralité de la chaine d’approvisionnement et/ou l’usage du produit. Plutôt utile dans un contexte où l’énergie fossile va rapidement se raréfier, et les énergies de remplacement tendre à manquer. Utile enfin pour préparer l’arrivée des obligations de reporting CSRD, de la taxonomie, de la taxe carbone aux frontières…

Le niveau de remise en cause est sans précédent, et va nécessiter de la part des capitaines de l’industrie de retrouver l’âme des grands explorateurs. Ce n’est pas un petit défi, mais c’est un objectif indispensable à intégrer pour tout actionnaire ou décideur.

On se heurte en effet à des limites « chroniques » : le peu de filières capables de fournir des matières recyclées à l’échelle, les fausses promesses des technologies du CCS (Carbon Capture Solutions), la faible robustesse du système de certificats d’électricité verte, le manque de maturité des fournisseurs, de formation, qui nécessiteront plusieurs années avant d’être surmontés.

 

Néanmoins on peut être optimiste sur l’incroyable vitalité des initiatives émergeantes, et sur tout ce qu’il reste possible de faire, pour peu que l’on soit volontariste. Cela fait une dizaine d’années que je m’implique dans la décarbonation de l’industrie, et j’observe plusieurs évolutions encourageantes :

  • La montée en puissance des certifications ISO50001 sur l’efficacité énergétique
  • La naissance d’embryons de filières d’approvisionnement en carburants non fossiles (hydrogène vert, biométhane, certains biocarburants de génération 2), ce qui ouvre tout un champ d’application pour de nouveaux procédés bas carbone en interne et chez les fournisseurs
  • L’émergence de solutions pour récupérer la chaleur fatale des procédés
  • La baisse de prix des panneaux solaires photovoltaïques qui les rendent compétitifs avec l’achat d’électricité des réseaux nationaux, dans certains pays…
  • Quant aux filières de matière recyclée (c’est une voie de décarbonation majeure), l’expérience montre qu’il est possible d’organiser la collecte en interne ou chez les clients, puis de stimuler la demande pour qu’elles se développent.

 

Sous réserve de disposer d’un budget pour lancer les actions à délais longs, puis de mener de nombreuses actions pilotes en interne et chez les fournisseurs, il sera possible d’aller beaucoup plus loin. Peut-être même de tenir les cibles de réduction à horizon 2030 fixées par l’Europe.

 

Auteur : Pierre G., expert People4Impact

Consultant indépendant, expert en décarbonation de l’industrie, Pierre Gliganic accompagne les PME et grandes entreprises dans la mise en place de stratégie RSE et la décarbonation de leur activité.