Chronique4Impact

L’Agriculture Régénérative : un enjeu vital pour de nombreuses industries

Par Emmanuelle PIGNEDE, le

Les activités de beaucoup d’Entreprises dépendent directement des ressources naturelles : l’agroalimentaire bien sûr, mais aussi le textile, les cosmétiques, la pharmacie, l’ameublement, etc. Et si ces industries avaient tout à gagner à adopter un mode d’approvisionnement plus respectueux de l’environnement ?

Les causes et conséquences de l’épuisement des ressources

Aujourd'hui, les ressources sont gravement menacées par plusieurs facteurs interconnectés, notamment le dérèglement climatique, l'érosion de la biodiversité et la dégradation des sols. Rappelons quelques chiffres :

  • Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), environ 33 % des sols mondiaux sont déjà dégradés.
  • À cela s'ajoute l'accélération du changement climatique, qui entraîne une augmentation de la fréquence des sécheresses, des inondations et des vagues de chaleur. Une étude de l'Université de Stanford a révélé que, d'ici 2050, les rendements agricoles pourraient baisser de 17 % en moyenne dans les zones les plus touchées par le réchauffement climatique si les tendances actuelles se poursuivent.
  • De même, l’érosion de la biodiversité affecte directement les écosystèmes agricoles. Les insectes pollinisateurs, par exemple, contribuent à environ 35 % de la production alimentaire mondiale, et leur déclin risque d'aggraver encore les problèmes de rendement.

D’où la nécessité pour les industriels de prendre conscience des risques à moyen terme d’un épuisement de ces ressources, qui aurait pour conséquences des ruptures d’approvisionnement et un renchérissement important du coût de ces denrées (« ce qui est rare est cher ! »)

Pour pallier ces phénomènes, il est primordial d’aider les écosystèmes à se renforcer et à investir dans leur résilience.

Pour ce faire, une solution existe : l’agriculture régénérative

Des pratiques agricoles au service du vivant

Le terme « Régénératif » tend aujourd’hui à être galvaudé, avec différentes définitions qui circulent en France, plus ou moins exigeantes. Concernant l’agriculture, l’approche qui me semble la plus pertinente cherche non seulement à limiter les impacts négatifs mais aussi à améliorer la santé des écosystèmes. Aussi l’agriculture régénérative répond à plusieurs exigences dans ses pratiques :

  • Eviter le labour des sols pour ne pas casser leur structure ;
  • Supprimer les intrants chimiques qui, non seulement contribuent fortement au réchauffement climatique, mais tuent la vie dans les sols (vers de terre, bactéries, champignons) et hors sols (les pollinisateurs et les oiseaux), et contribuent à la pollution de l’eau ;
  • Couvrir les sols entre 2 cultures, en semant des végétaux, par exemple des légumineuses (trèfles, pois, la féverole) ; ce qui permet de les nourrir, d’éviter l’érosion, de fixer les nitrates ;
  • Favoriser la (re)plantation de haies ;

Certes, cela demande une vraie collaboration avec les producteurs qui ont besoin d’être formés et d’être accompagnés financièrement – par des primes ou des contrats de long terme - pour ne pas porter seuls les risques liés à ces changements majeurs des pratiques.  

L’agriculture régénérative au cœur des stratégies d’approvisionnement durable

Pour les entreprises, encourager l’agriculture régénérative présente de multiples opportunités :

  • sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement sachant que le coût total d'une rupture[1] peut représenter entre 5 % et 10 % du chiffre d'affaires annuel d'une entreprise dans les secteurs les plus exposés ;
  • anticiper les règlementations à venir et accélérer la transformation de leurs pratiques ;
  • créer et renforcer des coopérations avec leurs parties prenantes en amont de leur chaîne de valeur ;
  • communiquer sur des engagements concrets en faveur de l’environnement, dans leur rapport de durabilité établi par la CSRD et à l’intention des consommateurs ;
  • valoriser leur marque employeur.

En conclusion, si l’agriculture régénérative est une alternative essentielle pour garantir la santé de nos écosystèmes, elle contribue aussi en premier lieu à la pérennité de notre système alimentaire, qui plus est avec des produits sains. 

[1] Définition : une interruption dans la chaîne d’approvisionnement due à une indisponibilité de la ressource qui peut être temporaire.

 

Auteure : Emmanuelle P., experte People4Impact

Consultante en RSE et marketing durable, Emmanuelle Pignède accompagne les acteurs de l’agriculture et de l’agro-alimentaire pour les aider à adapter leur offre face aux enjeux environnementaux.